Gorges de la Jonte et Gorges du Tarn Dolomitique sensation
Entre Gorges de la Jonte et Gorges du Tarn, l’automne flâne sur le sentier vertigineux des corniches ocre. Au bord du Causse Mejan, des troupeaux de chaos rocheux, cadeau de l’usure, moutonnent en enfilade. Un panorama fantasmagorique, en équilibre fragile, procure au promeneur l’hallucinante sensation d’avoir été parachuté(e) sur les falaises abruptes d’une autre planète.
Le souffle s’engouffre dans ces canyons grandioses, s’engouffre dans mes poumons, décharge mon corps de son poids. Grandes Inspirations et grandes expirations s’enchaînent. L’esprit, tout entier arraché aux contingences terrestres, s’émerveille et se réjouit d’être né.
Dolomitique sensation !
L’automne empourpré allume ses farandoles écarlates. L’incendie se faufile dans les défilés, rougit les profondeurs, enflamme mon cœur. Des hauteurs, les vénérables rochers, gardiens séculaires, veillent sur la vallée. L’hypertension chronophage des jours s’estompe. Respirations…
Dolomitique sensation !
Tout au bout d’un vertige rougeoyant, les flots purs de la Jonte, venus du mont Aigoual, courent en contre-bas. Leurs rumeurs envahissent l’espace. Dans les méandres nichés, les toits des villages caussenards fument, me réchauffent des tous premiers frimas. Respirations…
Dolomitique sensation !
Les courants ascendants fusent le long des falaises, soulèvent les vautours fauves qui dérivent jusqu’au Causse Noir, jusqu’aux ruines de l’Hermitage Saint Michel. Mon esprit plane et y dérive hors du temps. Je me sens libre. Je me sens bien…
L’extravagance du minéral, les couleurs folles de l’automne, la fraternité des hameaux, l’air éthéré des gorges remplissent mon inspiration et me purifient dans mes profondeurs à l’expiration, lèvres closes. Je me sens bien…
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« La beauté d’un paysage, d’un sourire, d’un instant fugace, un regard, tout ce qui surprend l’ego et le désarçonne laisse réémerger notre âme. » Stéphan Allix – LA MORT N’EXISTE PAS