Collioure en février, fantastique moment détressant, Côte Vermeille
C’est dans l’insolence d’un grand ciel bleu, intronisé par la puissance du vent, que le rouge du clocher de Collioure resplendit. En rempart de bravoure, l’église Notre Dame des Anges, les pieds dans l’eau, se déploie, protège la baie. Sa coupole, comme un soleil levant, s’incendie. Sur les quais du petit port, à l’abri, je goûte un moment de répit.
La dépression saisonnière pulvérisée, mon souffle déploie ses ailes, survole son territoire. L’inspiration écarte mes côtes, remplit mes flancs, pousse mon diaphragme, gonfle mon ventre. Mécaniquement en retour, l’expiration expulse l’air vicié, mes côtes se rapprochent, mon ventre dégonfle. Respirations intégrales…
Février à Collioure !
En exutoire, les flots s’acharnent sur la rive opposée. Ils fracassent les stress sur les rochers, blanchissent les idées noires. Respiration libre… Au gré des vagues, ma tête, ma nuque, mes épaules, mes bras se dessaisissent. Mon dos, mon ventre, mes jambes se déstressent en suivant. Respirations…
Février à Collioure !
Mon âme, soulevée par une bourrasque jusqu’à l’inattaquable promontoire du Fort Saint Elme, prend de la hauteur. Un recul primordial qui enfante la paix. Respirations…
Février à Collioure !
Un voilier blanc longe l’église, puis la jetée du petit phare. Il s’élance en pleine mer. Mes rêves fanés par l’hivernale saison ravivent leurs couleurs, larguent les amarres. Je fais ce que je veux. Je me sens bien.
C’est dans l’insolence d’un grand ciel bleu, que le rouge du clocher de Collioure resplendit. Mes impressions forcissent en couleurs, en sons, en odeurs, en sensations. À l’inspiration, l’énergie s’immisce et se faufile. L’expiration l’instille dans tout mon organisme. Je me sens bien.
Retour
La hardiesse des éléments fixée, je m’en reviens régénéré(e) dans ma réalité. Je donne l’impulsion du retour, de bas en haut : mes orteils, mes doigts pianotent, mon corps se ravigote. J’inspire, m’étire, baille. J’ouvre les yeux au monde extérieur. Bon retour !
« On ne peut voyager loin si on ne sait voyager près. Il y a une expédition à entreprendre dans la proximité. Avant tout, il faut parvenir à voyager profond.»
Jean-Pierre Otte – Présence au monde plaisir d’exister