Crinière au vent, énergie libre des estives sur des cimes de jade.

Crinière au vent, je gambade sur des cimes de jade…Sous le regard protecteur de la harde, je fais le fier, jamais trop loin de ma mère et de son pis nourricier. Je suis né au printemps dans une vallée oubliée au cœur des Pyrénées, et la transhumance, tant attendue par mes ainés, m’a amené sur un plateau perdu où je bois le ciel.

L’espace s’ouvre sous mes sabots et la liberté me saisit, infante un nouveau jour, un nouveau souffle, plus vaste, plus puissant…Mes naseaux ébahis, inspirent les nuées, expirent à fond à la poursuite des brumes rasantes, qui filent entre les sommets immobiles…Respiration intégrales…

Énergie libre des estives !

Au soleil de l’après- midi, je m’étends de tout mon long, me réchauffe…Je sommeille…

Je rêve encore de lait chaud et de longues balades sur de vastes prairies éternelles où un été sans fin distillerait ses brises… Respiration apaisée…

Énergie libre des estives !

Quand la harde se déplace c’est en file indienne. Les anciennes tracent les sentiers, elles sont nos piliers et c’est avec une confiance totale que nous suivons nos mères pendant que les étalons attentifs veillent sur les alentours. Amples respirations…

Énergie libre des estives !

Je suis le prince de la montagne ! Sur les pâtures vertes, diaprées de fleurs, je fais des bonds élastiques ! Dans la tiédeur d’une fin d’après-midi, la harde se rapprochent des lacs émeraude. Nous, les poulains, galopons comme des insensés. Ruades et bousculades, c’est la vie qui pulse. Je suis libre…Je suis vivant…Je me sens bien

Au fil des inspirations, les sensations de nature vierge, d’infini et de liberté s’incorporent profondément dans tout mon être et s’y diffusent au gré des expirations…Je me sens bien.

Retour

Epuré(e) et rajeuni(e), je reviens dans ma réalité. Mes sabots se réveillent et ma crinière flotte, j’inspire, bâille sans mettre la main devant la bouche, m’étire…Serein(e), j’ouvre mes yeux au monde extérieur. Bon retour !

« Le printemps vient de naître il est de couleur pis
Tel un jeune poulain qui court dans la prairie
(Un tapis d’herbes tendres et de plantes fleuries)
Il tête encore à sa mère et s’attache à son pis
Il gambade fait des bonds il découvre la vie
Le jour est en le père et sa mère la nuit »

Alain Hannecart

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