Novembre vermeil Vignes du Tarn Une harmonie qui chevauche les millénaires
Dans le vent froid de novembre, les vignes fatiguées vermillonnent. En rangées ajustées, méticuleusement alignées, elles gravissent les courbes du relief, essaiment le rouge et l’or de l’automne à perte de vue. Les averses tempétueuses de la Toussaint ont laissé leurs empreintes humides et irréversibles sur la saison. Depuis le changement horaire, l’après-midi galope vers son couchant.
En parallèles filent les vignes pourpres!
Dans l’errance d’un monde qui chicane sans cesse, en conflit sur ses frontières, l’harmonie des vignes chevauche les millénaires, caracole de coteaux en collines sans clôtures , réveille mon souffle. Il se reprend à espérer, s’épure. Respirations.
En parallèles filent les vignes pourpres!
La régularité parfaite du paysage diffuse un sentiment paisible, réparateur. Là tout est calme, stable, enraciné. L’esprit s’y raccroche, le cœur réanimé s’y apaise. Respirations.
En parallèles filent les vignes pourpres !
Le soleil ocre, déjà en déclin, dardent ses rayons obliques. Ils fendent de douceur mon armure, me réchauffent sous ma vieille doudoune. Un grapillon tardif m’offre quelques raisins noirs. Dégustation.
Avant la grande expiration hivernale de la nature, les couleurs des feuilles remplacent les couleurs des fleurs. L’immuabilité des vignes dans leur rougeoiement automnal tisse des filaments d’amour invisibles qui me relient à toute la campagne. Fugace, un sentiment d’éternité cajole mon âme. Je me sens bien.
Au milieu des parallèles pourpres, bruisse la bise automnale. Un couple de faisans criaille en s’envolant. J’inspire le souffle divin de la géométrie sensible et guérisseuse des vignes. J’en retiens ses bienfaits dans chaque parcelle de mon corps à chaque expiration. Je me sens bien.
« Sois le bienvenu, rouge Automne,
Accours dans ton riche appareil,
Embrase le coteau vermeil
Que la vigne pare et festonne. »
Théodore de Banville – Automne