Sidobre Fantastiques Chaos

Dans un dernier soubresaut, le Massif Central, fatigué, soupire au bord du lac du Merle, infante un monde à part, le Sidobre. Dans la pénombre des sous-bois de Crémaussel, coule une incroyable rivière de gigantesques pierres. Jetées par les dieux un soir de colère électrique, ces géantes de granite argenté, lissées par les millénaires, embrassent l’onde radieuse dans l’intimité des fougères.

Sous la jeune feuillée ensoleillée d’avril finissant, sur les enchevêtrements féériques de pierres, je sautille de rocher en rocher. Au fil de l’eau, l’éternité minérale douce et silencieuse fluidifie les heures, m’apaise… mon souffle se libère…J’inspire profondément…j’expire complétement. Respirations intégrales…

Régénération minérale !

Des flots de cristal dévalent sous les chaos, bruissent, froissent le silence…La fraîcheur coule dans mon être, en chasse les tensions, dilue les désillusions, ensemence la vie vraie. Allègement intégral…

Régénération minérale !

Sur le sentier aux mille merveilles géologiques, je m’aventure. Mon enfant intérieur ébloui jubile, s’émancipe, s’invente des légendes. Dans cet univers onirique, j’escalade Le roc de l’oie, je délivre mon épée au pouvoir magique. Une couronne de lierre autour de la tête, je déloge le diable sur son trône, mon insouciance le nargue. Je me sens vivant(e)…Je fais ce je veux…je me sens bien.

Sous le gris argenté des chaos fantasques, la lumière tamisée se reflète, le gris du rationnel explose, mon âme déborde. J’inhale la magie qui s’infiltre, lèvres closes pour la déguster et en imprégner mes cellules, de la tête aux pieds à l’expiration. Je me sens bien.

Je plante mes doigts dans les mousses, je sens les sous-bois, je caresse les rides des troncs. Le gris du rationnel explose, mon âme déborde. J’inhale la magie qui s’infiltre, lèvres closes pour la déguster et en imprégner mes cellules, de la tête aux pieds à l’expiration. Je me sens bien.

Ragaillardi(e), je reviens dynamisé(e) dans ma réalité. Des pieds à la tête, mon corps se mobilise, j’inspire, bâille sans mettre la main devant la bouche, m’étire…Mon enfant intérieur ravi(e), à coco sur mon dos, j’ouvre mes yeux joyeux  au monde extérieur. Bon retour !

 Je sens des extases, des ravissements inexprimables à me fondre pour ainsi dire dans le systèmes des êtres, à m’identifier avec la nature entière.

Jean-Jacques Rousseau Le Promeneur Solitaire

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